jeudi 8 juillet 2010

Contre l'échec scolaire, les parents d'élèves favorables à des pédagogies variées

Contre l'échec scolaire, les parents d'élèves favorables à des pédagogies variées
LE MONDE pour Le Monde.fr | 02.06.10 | 17h17 • Mis à jour le 03.06.10 | 07h49

'est un sondage sur l'école, dont les résultats intéresseront tous les acteurs de l'éducation, et c'est en même temps une étape dans une action politique visant à une transformation profonde du système éducatif. A l'occasion d'un colloque organisé au Sénat mercredi 2 juin, la Fondation pour l'Ecole, association libérale militant pour la création d'écoles "indépendantes" et pour le système du "chèque éducation", a rendu public un sondage IFOP dont les résultats vont nettement dans le sens d'une "diversification" des établissements scolaires.

A la question "Pensez-vous que l'on ferait diminuer l'échec scolaire si l'Etat encourageait la diversification des types d'écoles accessibles à tous (différentes pédagogies et styles éducatifs variés) ?", 77% des parents d'élèves interrogés ont répondu favorablement : 52% "oui, probablement" et 22% "oui, certainement".

L'approbation est encore plus forte à la proposition que "les directeurs d'établissements scolaires aient des pouvoirs renforcés en matière de discipline, d'organisation des enseignements et de gestion de l'équipe des professeurs" : 87% de réponses positives (50% "plutôt favorables" et 37% "tout à fait favorables").

De même, 81% des réponses sont favorables (50% "plutôt" et 31% "tout à fait") à ce que la possibilité soit donnée au chef d'établissement de "recruter son équipe". Il faut néanmoins tenir compte de la formulation des questions. Celle-ci était posée en ces termes, accumulant les suggestions positives : "Le directeur d'un établissement scolaire doit-il avoir la possibilité de recruter son équipe de professeurs par rapport à un projet éducatif bien défini pour disposer d'une équipe professorale soudée autour d'objectifs partagés par tous ?"

LE "CHÈQUE ÉDUCATION" CONTROVERSÉ

La question la plus délicate, car la plus chargée politiquement, porte sur l'idée du "chèque éducation" qui, sur le modèle du chèque restaurant, permettrait à chaque parent de financer l'inscription de son enfant dans l'établissement scolaire de son choix. Cette proposition implique un bouleversement du système éducatif, dont le financement et le contrôle resterait à l'Etat mais dont le mode d'organisation ne serait plus celui d'une institution ni d'un service public homogène.

Cette question a été formulée ainsi dans le sondage : "Souhaiteriez-vous que l'Etat mette en place un système pour permettre à chaque famille de financer la scolarité de ses enfants, quel que soit l'établissement choisi ? (Ce système pourrait être un bon scolaire, un ticket scolaire, un chèque éducation, ou un crédit d'impôt) ?". Les réponses positives atteignent 74% (45% "plutôt favorables" et 29% "tout à fait favorables").

Enfin, sur un sujet moins controversé, près des deux tiers des sondés (65%) estiment qu'une "agence indépendante incluant les différents acteurs de l'éducation" serait l'acteur "le mieux à même d'évaluer l'ensemble des établissements scolaires publics et privés". Le sondage a été réalisé du 18 au 21 mai par questionnaire auto-administré en ligne auprès de 531 parents d'élèves issus d'un échantillon représentatif de 1287 personnes.

Considérée en France comme ultra libérale, la proposition du "chèque éducation" a figuré dans le programme du RPR à la fin des années 1980, mais n'a été reprise à la dernière élection présidentielle que par le Front national et le Mouvement pour la France, de Philippe de Villiers.

Cette proposition a toutefois connu un nouvel élan à travers le rapport publié en 2008 par la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali : la 6e de ses 300 "décisions" prévoyait que l'Etat "affectera aux parents une somme d'argent par élève", et que "chaque parent pourra l'utiliser dans un établissement public ou privé de son choix".

A l'époque, cette proposition, baptisée "droits à l'école", était passée relativement inaperçue. L'offensive actuelle des tenants de la "libre concurrence scolaire" coïncide avec l'ouverture, à la demande du président de la République, d'une nouvelle phase des travaux de la Commission Attali.


Luc Cédelle

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire