jeudi 8 juillet 2010

Le 119 reste à l'écoute des mineurs en danger

Le 119 reste à l'écoute des mineurs en danger
Article paru dans l'édition du 23.05.10
Ce service national d'accueil téléphonique, créé il y a 20 ans, a reçu près de 31 000 appels en 2009

Violences psychologiques, physiques, négligences lourdes, abus sexuels, éducation défaillante : le 119, le service national d'accueil téléphonique pour l' enfance en danger, reçoit en moyenne, chaque jour, 1 400 appels.

Comme cette personne qui requiert l'anonymat et raconte qu'elle a entendu, le matin, les cris d'une mère sur son enfant de 2 ans, suivis d'un grand bruit, puis les hurlements de douleur du bambin. Ces violences, qui se répètent souvent, précise le témoignage, sont autant le fait du père que de la mère. L'enfant, décrit comme très maigre et très pâle, a été vu à plusieurs reprises dans le hall de l'immeuble avec des traces de coups, un coquard ou une plaie sur la joue.

Ou ce père qui téléphone parce qu'il s'inquiète pour son fils de 9 ans qui vit avec sa mère. Il vient d'apprendre que son enfant a une fois encore été exclu de son établissement scolaire car il avait des problèmes de comportement, qu'il insultait son enseignant et violentait ses camarades. Il craint que son fils ne bascule dans une « délinquance grave », alors que sa mère refuse toute prise en charge.

Les auteurs des appels sont principalement des adultes. Les enfants n'appellent que dans 10 % des cas. Lancé en 1990, le service national d'écoute du 119-Allo Enfance en danger a pour mission d'accueillir les appels d'enfants en danger ou en risque de l'être, et de toute personne confrontée à ce type de situations, pour aider à leur dépistage et faciliter la protection des mineurs en danger.

Les informations préoccupantes sont transmises aux services des conseils généraux compétents en la matière, afin d'évaluer la situation et de déterminer la prise en charge appropriée, qui peut aller jusqu'à un signalement au parquet. En vingt ans, la situation de plus de 200 000 enfants a fait l'objet d'une demande d'évaluation aux conseils généraux suite à un appel au 119. En 2009, ce numéro gratuit, y compris depuis un téléphone portable, a reçu pas moins de 500 000 appels.

Un quart d'appels anonymes

Après un premier tri, près de 31 000 ont fait l'objet d'un entretien avec un spécialiste de l'enfance de la plate-forme d'écoute (psychologues, travailleurs sociaux, juristes...). Les deux tiers ont bénéficié d'une aide immédiate en termes d'écoute, de réponse ou d'orientation, et environ un tiers (9 235) ont donné lieu à une transmission aux départements.

Les conseils généraux ont entre trois et quatre mois pour informer le service national d'écoute des suites qu'ils ont données aux dossiers. Le taux de retour pour 2009 est de 60 % ; 80 % des situations préoccupantes ont été confirmées, dont 5 000 étaient inconnues des services sociaux.

En 2009, les différents types de dangers évoqués sont en premier lieu les violences psychologiques (50,9 %), suivies des violences physiques (35,7 %), puis de l'éducation défaillante (18,4 %), des négligences lourdes (18,1 %), des violences sexuelles (9,1 %) et de dangers dus au comportement de l'enfant (4,5 %).

« La mère est l'auteur le plus souvent désigné pour toutes les formes de dangers, à l'exception des violences sexuelles, pour lesquelles le père, suivi du beau-père, sont le plus souvent en cause. Cela s'explique par le fait que nous recevons beaucoup d'appels concernant des enfants qui vivent seuls avec leur mère », explique Marie-Paule Martin-Blachais, directrice générale du service national d'écoute.

Martine Laronche

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