La décision de M. Daubresse s'appuie sur le bilan scientifique de l'expérimentation, menée par l'Ecole d'économie de Paris. Dans leur rapport, les chercheurs Luc Behaghel et Marc Gurgand émettent "des doutes importants sur la possibilité de généraliser le dispositif ".
FAIBLE ADHÉSION DES ÉQUIPES PÉDAGOGIQUES
Chiffres à l'appui, ils montrent que la cagnotte n'a eu que peu d'impacts sur l'assiduité et le comportement des élèves. Moins d'un élève sur deux pense que le projet de classe "l'a conduit à être davantage présent" et seuls 18 % des élèves ont estimé que la cagnotte "les ont rendus plus attentifs à leur comportement en classe". Les impressions des enseignants sont encore plus mitigées : ils sont 34 % à juger que le dispositif a "contribué à augmenter le taux de présence des élèves" et 19 % à considérer qu'il a "contribué à améliorer le comportement des élèves".
En cause, la faible adhésion des équipes pédagogiques au projet : la majorité des enseignants (88 %) pensent que le dispositif ne s'attaque pas aux racines du problème. Ils sont "en moyenne peu au courant du détail des règles du contrat, rapportent les chercheurs. Ils sont environ un sur trois à déclarer s'impliquer dans les différentes étapes de la définition ou de la mise en œuvre du projet de classe".
La polémique des premières semaines de l'expérimentation y serait-elle pour quelque chose ? Les responsables politiques et syndicaux avaient été nombreux, en octobre 2009, à se dire "choqués" par le recours à une incitation financière et à s'insurger contre une mesure "contraire aux valeurs de l'école républicaine".
MARTIN HIRSCH DÉÇU
De ce fait, selon les chercheurs de l'Ecole d'économie de Paris, "l'information communiquée aux enseignants et aux élèves a été partiellement occultée par les images du dispositif diffusées dans certaines représentations médiatiques". La cagnotte, devenue enjeu politique, aurait fini par être boudée des enseignants.
Enfin, le choix d'un projet de classe aurait été laborieux. Trois des six classes avaient d'abord choisi comme projet de financer le code de la route ou le permis de conduire. Mais plusieurs élèves avaient déjà passé ces examens et demandaient une récompense individuelle compensatoire (ce qui ne figurait pas dans les règles du dispositif et donc, leur a été refusé). Ce retard pris dans le choix du projet collectif a entaché la"crédibilité" du dispositif (27 % des élèves déclaraient encore ne pas y croire fin mars.)
L'abandon du projet a suscité des réactions enthousiastes. Le SNES-FSU, principal syndicats des enseignants, rappelant son "opposition de principe", a jugé mercredi 30 juin que cette décision était "sage". L'ancien haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch, en revanche, n'a pas caché sa déception de voir "sacrifier un programme, sans lui donner sa chance". " J'ai eu au téléphone l'un des trois proviseurs, qui à ma grande surprise m'a dit 'Mais ce projet, il a transformé notre vie !'", a-t-il affirmé sur RTL.
En matière de lutte contre l'absentéisme scolaire, entre la carotte et le bâton, le politique a tranché. Les députés ont adopté hier le projet de loi du député UMP Eric Ciotti visant à suspendre les allocations sociales de parents d'élèves absents.
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